Prise de pouvoir – Gynarchie – Partie 2

MARDI SOIR

Ce mardi soir ou tout a débuté, Michel s’en souvient bien.

De retour tardivement chez sa « Cheffe de foyer » car la terminologie « chez moi » a été interdite aux hommes, Michel sait qu’il va devoir se remettre au travail pour préparer le repas et terminer du ménage débuté la veille. Dominique est tranquillement installée sur un fauteuil du salon avec du vernis rouge séchant sur ses ongles de pieds lorsqu’elle annonce à Michel sur un ton calme ,amusé et moqueur :

« Tu as vu la quantité de repassage en retard ? Tu y mets bien entendu la plus mauvaise volonté je pense. Il faut que tu trouves une solution pour faire ça après diner ou dans la nuit car ça devient inquiétant, je n’aurai bientôt plus aucune culotte à me mettre . Tu ne dois pas être bien fatigué de tes journées, tu n’as aucune responsabilité. Le travail à la chaîne quand on respecte le rythme n’est pas fatiguant et puis dans le train tu te reposes. En revanche avec les responsabilités que j’ai c’est différent, des réunions toute la journée… On ne peut pas comparer le travail d’un manutentionnaire de base avec celui d’une Directrice des achats. Fais bien attention car je pourrai faire des remontées d’informations sur ton comportement auprès des associations auxquelles j’appartiens. Beaucoup d’hommes ont eu de gros soucis suite à leurs manquements domestiques. Si je devais faire une inspection je pourrai même te faire mettre au trou très facilement et pour un bon moment ».

Michel comprend qu’une nouvelle étape vient d’être franchie. Comment accepter de tels propos. Pourtant il n’a aucune solution que de plier. Riposter en paroles ou pire frapper une femme ce qui n’est pas dans son logiciel et ce serait alors la porte ouverte à une terrible condamnation.

Il se contente alors de souffler, de hausser les épaules, et de dire qu’il aurait mieux fait de quitter ce sale pays bien plus tôt en ajoutant quel regret ! et de s’insurger contre cette situation lamentable, une vraie dictature!

Deux mois s’écoulent. Dominique a encore pris huit jours de congés et s’est absentée en compagnie de deux amies de son association au Maroc. Tenant compte des primes qu’elle touche régulièrement elle envisage même de faire prochainement un grand voyage aux USA.

Un soir, une postière de l’organisation vient remettre à Michel un courrier recommandé émanant d’une association de défense de la femme avec un second exemplaire destiné à la Cheffe de foyer. Joint à ce courrier une convocation urgente de la milice dans le cadre de son comportement envers son épouse. Il est ajouté que toutes explications devront être fournies pour éclaircir pareille situation.

Michel est fou de rage. De plus il va devoir demander à sa hiérarchie une autorisation spéciale d’absence pour la demie journée. Non seulement les heures lui seront défalquées avec un malus à son dossier mais il doit aussi remplir un document expliquant à la directrice de l’usine le motif précis de cette absence.
Michel est informé du mode opératoire de la justice de ce pays dans pareille situation et il devine qu’il va vers des ennuis certains. Lorsqu’ils écrivent que toutes explications pourront être apportées, Michel le sait très bien, c’est un tissu de mensonges.

Le jour prévu il se présente au siège parisien de la milice, bureau des plaintes, porte 25. Il est froidement accueilli par deux agents d’accueil féminins qui lui donnent l’ordre d’attendre que son numéro d’appel s’inscrive sur le panneau électronique. Puis il est fouillé.
Après une longue attente de près de 40 minutes il se retrouve assis face à deux policières de la milice en uniforme impeccable qui lui indique qu’il n’aura pas la possibilité de s’exprimer, la plainte suivra auprès de leur directrice qui jugera tout simplement l’affaire et prendra les bonnes mesures disciplinaires .
C’est très bien expliqué dans l’article 42 : Le prévenu masculin n’a pas la possibilité de s’exprimer. Il doit écouter le chef d’inculpation et laisser la Directrice en charge déterminer les mesures adaptées pour être remis dans la bonne direction.

On lui ordonne de placer ses mains sous les fesses. Deux visages sombres, l’une des femmes prenant des notes et la seconde commençant à réciter un véritable réquisitoire qui souligne les points suivants :

Votre Cheffe de foyer a été véritablement agressée et choquée par des paroles totalement inconvenantes et blessantes. Le rapport indique que le prévenu prétend regretter de ne pas avoir quitté ce sale pays à temps. D’autre part il est également indiqué que le prévenu semble ne pas avoir conscience de l’écart de compétences existant entre lui simple ouvrier manutentionnaire rétrogradé et sa Cheffe de foyer occupant un poste déterminant pour son entreprise ce qui préfigure un tempérament de racisme anti féminin notoire considéré comme féminicide. Il est ajouté que l’inculpé fait régulièrement état de désinvolture lorsque sa Cheffe de foyer lui donne des ordres au plan domestique en particulier. L’association ajoute que la Cheffe de foyer a déjà eu l’occasion de l’alerter à de très nombreuses reprises, le mari ayant fâcheuse tendance à se révolter face à ses taches et missions domestiques. Ainsi l’association a appris que le prévenu s’était révolté car sa Cheffe de foyer était encore en vacances ce qui est un comble. L’agent termine l’exposé en indiquant que les fautes enregistrées peuvent entrainer des sanctions extrêmement graves. « Vous n’êtes pas sans savoir qu’avec l’article 42 et 42 bis vous ne pouvez aucunement disposer des services d’une avocate. Vous ne serez pas non plus convoqué au Tribunal. La décision accompagnée des mesures tombera et vous serez aussitôt informé par la milice des dispositions qui seront prises à votre encontre et qui seront immédiates et sans appel possible. Nous ajoutons que si la personne cherche un moyen d’échapper à la justice de notre République gynarchique il risque de 8 à 20 ans d’emprisonnement en forteresse spécialisée »

Michel est invité à se lever. A ce moment là il se permet d’interpeller l’une des deux policières miliciennes très étonnée, en exprimant qu’il est innocent et indique être victime d’une dénonciation sans aucun fondement. Il ajoute que la justice de ce pays est lamentable et qu’il compte bien ne pas en rester là.

Son intervention déclenche une colère noire chez la policière qui indique que son « présent comportement correspond parfaitement à l’idée que nous avions à votre sujet. Nous prenons donc note de votre insolence, cet élément va être ajouté à votre dossier et risque d’augmenter le niveau de la sanction. Vous êtes sur la mauvaise pente croyez moi !! »

CONDAMNATION

Le lendemain matin, Michel est convoqué par la Directrice d’exploitation de l’usine au sujet de l’autorisation d’absence qui lui avait été accordée. Il apprend que sa hiérarchie est déjà informée et qu’une copie des éléments de la convocation lui a été transmise. La Directrice prévient Michel que tout cela n’est pas très bon pour son dossier tenant compte qu’il a déjà reçu plusieurs avertissements et deux blâmes pour bavardage sur son lieu de travail. La Directrice ajoute qu’il n’est plus rien maintenant et que l’époque ou il se pavanait avec quelques responsabilités est bien terminée. « Vous n’êtes qu’un petit manutentionnaire de base, rien de plus. »

Les jours s’écoulent. Le moral de Michel est au plus bas. Chaque soir la Cheffe de foyer passe des heures au téléphone pour raconter son voyage à ses amies pendant que Michel s’affaire à avancer ses travaux de repassage et de nettoyage. Dominique vient de lui donner l’ordre d’aller ranger correctement la cave après diner.

Dix jours après sa convocation Michel reçoit un nouveau courrier avec copie à sa Cheffe de foyer et à son employeur. C’est pour Michel un coup de massue. Dans trois jours il doit être présent à 7h00 précises à la porte de l’immeuble pour prise en charge par les services de la milice, munie du présent document et d’un sac contenant effets personnels.

La décision est la suivante : Après avoir reçu en nos bureaux le prévenu dont l’identité se trouve en références, il a été décidé par notre Direction Générale d’appliquer au dit prévenu une période de trois années en centre rééducatif cela afin de l’aider à retrouver la voie de la raison. Toute tentative visant à échapper à cette mesure entrainera un placement immédiat en forteresse spécialisée. A compter de ce placement aucun contact extérieur ne sera toléré et cela pour toute la durée de la rééducation.

Michel est terrassé. De manière naturelle il demande à Dominique si elle a eu au moins connaissance de cette honteuse et horrible décision.

La réponse est aussi cinglante que glaciale :

Dominique : « Oui j’ai la copie. Il fallait t’y attendre mon pauvre Michel tenant compte de ton comportement de mufle envers moi cela n’a vraiment rien d’étonnant et cela te pendait au nez un jour ou l’autre, tu n’as que ce que tu mérites. Tu dois maintenant voir les choses de façon positive, cette mesure n’est là que pour t’aider dans ton futur. Je ne suis pas sans savoir que la discipline est assez dure et brutale dans ces centres rééducatifs , j’ai vu un reportage sur ce sujet, mais tu vas t’y adapter et je suis certaine que tu seras très bien encadré, tu verras et tu n’as pas le choix de toutes les façons. J’ai demandé à l’association qu’elle intervienne pour que tu puisses bénéficier d’un encadrement de qualité. On dit que les résultats sont excellents et que les prévenus sont transformés en sortant, totalement souple et soumis à leurs Cheffes. J’ignore dans quel centre tu vas être rééduqué mais tu y seras sans doute très bien, tu vas t’adapter. J’ai eu un contact téléphonique avec la responsable de ces structures au plan national et elle m’a promis que tu allais bénéficier d’une bonne rééducation. Me concernant j’ai déja fait les démarches pour obtenir très rapidement un esclave confirmé à demeure car tu t’en doutes, avec ma charge de responsabilités et mon grade je ne vais certainement pas m’occuper des taches ménagères. Je ne pourrai pas te visiter ni te joindre car je pense que les contacts extérieurs sont totalement interdits dans ces structures et j’ai autre chose à faire et à penser. Cette situation tu l’as voulu. Je compte repartir pour une semaine en voyage et ensuite trois semaines aux USA. Je souhaite aussi te dire que je ne vais pas m’embarrasser de tes objets personnels qui vont aller directement à la poubelle. Tes souvenirs familiaux et autres je n’en ai que faire tu le sais. Maintenant tu reprends tes corvées, tu as beaucoup de retard ! »

Michel rejoint sa chambre ne pouvant retenir ses larmes face à autant de cruauté de la part de celle qui était autrefois la femme qu’il chérissait. Les souvenirs se bousculent dans la tête de Michel. Subitement il traite sa Cheffe de foyer de trainée et d’imbécile. La réponse immédiate et dans le plus grand calme tombe d’elle seule. Dominique téléphonera demain à la milice pour ajouter ces quelques détails.

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